5 ANS APRES L’ARRET DES ACTIVITES D’AGROBUSINESS: François ANOMA (président de l'Association des Souscripteurs) revient à la charge

5 ANS APRES L’ARRET DES ACTIVITES D’AGROBUSINESS 

François ANOMA (président de l'Association des Souscripteurs) revient à la charge :

« Face à l’argent, l'homme devient un monstre »

« Un audit s'impose et nous allons le reclamer »

« L'affaire n'est pas encore prescrite et nous espérons toujours »

5 ans pratiquement après la suspension des activités des 23 sociétés d’agrobusiness et l’opération de remboursement des 16 925 souscripteurs commandée par l’Etat ivoirien, le président de l'Association des Souscripteurs, François Anoma, ne décolère pas. Pour lui, la suspension a causé plus de tort que de bien. Et donc, ce n’est pas encore fini.

Que devient l'Association des Souscripteurs dont vous étiez le président ?

L’Association des Souscripteurs aux Produits de l'Agrobusiness va bien puisque nous avons une existence légale. Pour l’heure, chacun vague à ses activités. 

Que vous ont rapporté les actions que vous aviez menées de janvier 2017 à ce jour ? 

Le bilan est mitigé. Mais par nos actions nous avions pu obtenir des remboursements en fonction du solde disponible des taux allant de 12 à 100%. On espérait mieux, mais c’est bien dommage. Face à l’argent, l'homme devient un monstre. 

L'Association est-elle toujours dynamique ? 

Non ! Les gens ont tout perdu, même leur propre force. Trop de morts de divorces, d'emprisonnement, etc. Ça a été le chaos.

Quels sont vos regrets aujourd'hui ?

Les regrets sont énormes. Mon premier regret, c’est mon ami-président et porte-parole des souscripteurs, le sénateur Kouakou Ouattara. Devenu sénateur, il est rentré dans un mutisme total. Mais bon, avançons.

Un deuxième regret ?

Le deuxième, c’est l’administrateur-séquestre, l’expert-comptable Koné Drissa. Voilà quelqu'un en qui on avait confiance. Mais aujourd'hui, nous n’avons toujours pas de retour de sa gestion de nos milliards.

Il y a eu pourtant eu des réunions du comité

En ma qualité de membre du comité de suivi et de veille que l’administrateur -séquestre a mis en place, aucune rencontre d'information, depuis maintenant deux années. Où sont passés nos milliards restés dans les comptes des sociétés d’agrobusiness dont les activités ont été bloquées ?

Apparemment vous avez de nombreuses questions sans réponse

Quelle suite ont-ils donné au milliard de francs Cfa déposé par l’administrateur-séquestre à Coris Bank après l'échec de l’achat d’une firme pharmaceutique par Yapi Christophe, le fondateur de Mon Hévéa.Com ? A qui profite les intérêts de cet argent déposé ? Où sont passés les actifs immobilisés des sociétés Agrobusiness ?  Je veux parler des maisons, des camions, du matériel et mobiliers de bureaux dont la vente aurait pu nous soulager. Un audit s'impose et nous allons le réclamer.

Quel est votre troisième regret ?

Mon troisième regret, c’est le procureur de la République Adou Richard. Il nous avait promis dans son bureau un procès dans les trois mois avec lui-même à la barre pour démonter le système pyramidal de Yapi Christophe. Mais plusieurs années après, rien de tout cela. On attend toujours ce procès.

Un quatrième regret ?

Enfin le gouvernement. Oui nous l'avons soutenu mais la suite est amère. Peut-être, est-ce le choix des hommes ? Mais si tu choisis voleur on va t'appeler voleur. Il y a eu un laisser-aller total et ce qui devait arriver arriva. Toutes nos économies ont été volées avec des complicités au haut niveau et dans toute la chaine. Mais Dieu est grand. Un jour chacun devra rendre compte.

Pratiquement cinq ans après, l'Association veut-elle une nouvelle issue pour les souscripteurs ? 

L'affaire n'est pas encore prescrite et nous espérons toujours. Ce sont les hommes qui font bouger les choses. L'Administration est une continuité. Un jour, il fera jour.

Avez-vous des nouvelles des promoteurs emprisonnés ? 

Nous avons appris qu’ils ont tous été relâchés en catimini. Alors que les faits ont été qualifiés de crime par le chef de l’Etat lors de la Fête nationale. Le président est-il informé ? Je ne sais pas. Mais dans tous les cas, ça fait pitié. 

Les avez-vous rencontrés ces dirigeants libérés ?

Non. A quoi cela servirait-il ? On veut notre argent. Ces promoteurs, eux-mêmes n’ont plus accès à leurs comptes devenus vaches à lait.

Quels regrets, pensez-vous, occupent leur esprit ?

Regrets ? Non ! C’est la malédiction qui habite tous ceux qui se font des fortunes sur le malheur des souscripteurs.

Et si c'était à refaire ?

J’ai un ami qui a mis un projet de développement coopératif en place et il le fait bien. Le développement coopératif, c’est un modèle à enseigner. Mais, nous avions eu affaire à une bande organisée de faussaires. 

Que devient M. Anoma ?

M. Anoma va bien. Toujours dans la même maison à la Riviera Palmeraie. Juste vous dire que nous avions été certes secoués mais nous avançons avec beaucoup d’espoir.

Interview réalisé par AHKN