Interview/ François Amichia président du Cocan

A deux jours du début de la 34^e édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) -Cote d’Ivoire 2023, le président du Comité d’organisation de la Can (Cocan), François Albert Amichia a animé, le mercredi 10 janvier 2024, à la salle Kodjo Ebouclé du palais de la culture de Treichville une ultime conférence. Revivez les grands moments de cette rencontre avec les hommes des médias.

Quel est le dispositif sécuritaire qui sera mis en place bien évidemment pour la cérémonie d’ouverture et sur toute la période de la Can ?

La sécurité sera assurée à tous les niveaux. Le gouvernement ivoirien a fait un effort particulier pour doter notre police, gendarmerie et le Groupement des Sapeurs-pompiers pour que tous les équipements de dernières générations soient à la disposition des uns et des autres. Des pays amis et frères nous aident également dans le domaine de l’information, du renseignement, de la cybercriminalité afin de garantir une 34^e édition des plus sécurisées. Toutes les dispositions sont prises pour que les choses se passent dans le mieux.

A quelques jours du début de la compétition qu’est-ce que vous répondez à ces personnes qui affirment que la ferveur est absente dans les différentes villes ?

Faites un tour du côté de l’aéroport, dans les villes hôtes, dans les hôtels, les maquis, chez les couturiers, un tour chez les vendeurs ambulants vous me direz si vous ne sentez pas la Can. Nous avons fait le tour de toutes les villes, non seulement tout le monde veut jouer un rôle dans l’organisation de cette Can. Il y a certains qui affirment même qu’ils ont été oubliés parce que tout le monde veut participer à ce grand évènement. Mais mieux, regardez les matchs tests que nous avons organisés contre le Mali, le Maroc, l’Afrique, le Lesotho et en éliminatoires du mondial contre les Seychelles, il y a eu du monde. Mais vous allez me dire c’est la Côte d’Ivoire qui jouait, d’accord. Nous avons organisé la Women's Champions League à Korhogo et à San Pedro dans des stades neufs et il y a avait une seule équipe ivoirienne l’Athletico club d’Abidjan qui a été éliminée très tôt. Il y avait deux équipes marocaines, une équipe sud-africaine, une équipe Ghanéenne et malienne et les stades étaient pleins même quand la Côte d’Ivoire ne jouait pas. C’était un championnat féminin où il n’avait pas de vedette. Vous avez l’habitude de regarder des matchs où vous voyez ces vedettes de loin, pour l’occasion vous avez l’opportunité de les voir en vrai et vous croyez que les jeunes amoureux du football sont sortis des centres de formation. Les jeunes qui rêvent de faire une carrière professionnelle vont rester à la maison, non. Ils iront au stade. Mais pour les accompagner nous avons créé la commission ad hoc chargée de la mobilisation. Nous avons pris contact avec des institutions et des entreprises qui sont prêtes à accompagner le Cocan afin que nous puissions mobiliser le maximum de personnes et les conduire dans les stades. Les Ambassadeurs accrédités en Côte d’Ivoire organisent leurs ressortissants afin que nous puissions transporter les uns et les autres dans les stades.

Il y a présentement beaucoup de déguerpissement de commerçants un petit peu partout dans Abidjan certains même qui font la fierté du pays qui auraient pu être des points touristiques. Ce coup de balai est-il une exigence de l’organisation de la Can 2023 ?  

Il y a ce que le cahier de charge décide et il y a ce que le pays organisateur peut décider parce qu’il pense qu’il est bon pour l’environnement, que cela peut faciliter les déplacements. Ces opérations sont menées dans un contexte bien particulier, je suis mal placé pour en parler en tant que président du Cocan, mais ce n’est pas une décision qui a été prise comme cela. Les maires qui sont responsables de ces communes, les différents départements qui ont à charge ces compétences se concertent pour pouvoir trouver la meilleure formule.

La billetterie qui est guichet fermée pour ce samedi. Est-ce que pouvez-vous nous dire à ce jour le nombre de billet vendu pour ce match d’ouverture ?

La billetterie, là encore, nous sommes partis dans l’innovation. Jusqu’à présent dans nos Can, c’était des billets physiques. Pour la 1ère fois avec la Caf, il a été décidé de lancer des achats en ligne. Un premier lot de 15% a été lancé d’abord et après par vague on a lancé au fur et à mesure. C’est vrai que l’impatience de certains a entrainé parfois des commentaires désobligeants, mais je peux vous dire qu’il y a une maîtrise de ce domaine. Et aujourd’hui, demain et après-demain, tous ceux qui ont fait des réservations de tickets, que ça soit en ligne, individuel physique dans les points de vente, les tickets par groupe, seront invités à venir les retirer. Les billets seront remis aux demandeurs, deux à trois jours avant le match. Celui qui a réservé pour les matches de huitième de finale ne les recevra que 2 où 3 jours avant les matches. Il y a toute une programmation qui est faite en matière de billetterie. 

Nous avons plusieurs stars dans plusieurs disciplines sportives en Côte d’Ivoire, notamment Murielle Ahouré, Marie Josée Ta Lou, Didier Drogba, Yaya Touré, Cissé Cheick Salah. Quelle est leur réelle implication dans l’organisation de cette CAN ? Aussi, est-ce que c’est une CAN inclusive en pensant aux handicapés ?

J’ai reçu M. Didier Drogba, M. Yaya Touré, j’ai reçu nombre de vedettes de différentes disciplines sportives et chacun dans son domaine apporte sa contribution. Il y a ceux qui veulent rester dans la discrétion et il y a ceux de par leur rôle, attirent la presse. Mais je peux vous dire qu'il n'y a eu aucune exclusion au niveau du Cocan. Bien au contraire, nous appelons au rassemblement, à l’unité, à la cohésion. L’une des valeurs du sport est le rassemblement. Nos parents qui ont un handicap n’ont pas été oubliés. Nous sommes en contact régulier avec leur association nationale. Et déjà au moment de la conception des infrastructures, on a prévu des rampes et tout ce qu’il faut pour les personnes à mobilité réduite. Ils sont partie prenante de l’organisation.

 Est-ce que la pelouse du stade d’Ebimpé est dans un bon état ?

6 stades, 24 terrains d'entraînement. Il n'y a eu aucun souci nulle part sauf un. Et un jour donné, dans des conditions météorologiques exceptionnelles. Face aux responsables de la confédération africaine de football qui ont mené des inspections avec une institution reconnue dans le monde pour l’analyse, la qualité des pelouses. 10 matches vont se tenir sur la pelouse du stade Alassane Ouattara d’Ebimpé et elle tiendra jusqu’à la finale du 11 février 2024.

Pensez-vous que le coup des maillots a freiné la ferveur autour de la Can ?

Nous avons une équipe compétitive qui a progressé au fil des matches. Mais un match ne se joue pas qu’à 11 joueurs, il faut le n12ème joueur qui le public ivoirien. Ce 12^ème joueur n’est pas obligé de porter le maillot des joueurs. Il peut porter celui qu’il veut. Ni la FIF, encore moins le COCAN n’ont défini un dress code pour aller au stade. Ce que nous demandons c’est qu’il n’y ait pas de contrefaçon.  On souhaite juste qu’il y ait la marée orange.

 Que reprochaient les délégations aux cités Can pour les refuser ?

Le cahier de charge de la CAF nous demande de mettre à la disposition des équipes des hôtes où des résidences qui ont un niveau de 4 à 5 étoiles dans le classement des hôtels. Le pays en fonction de sa capacité hôtelière peut décider de mettre ses hôtels ou de construire des hôtels et de confier la conciergerie afin de leur donner le niveau des hôtels. C’est ce que la Côte d’Ivoire a choisi. Les équipes qualifiées n’ont aucune obligation d’y être. Nous même en 2015 en Guinée Equatoriale, nous avons choisi un hôtel autre que celui qui nous était réservé. Et ça nous a porté chance. Concernant le Maroc, l’ambassadeur du Maroc nous a dit que ce n’est pas parce que la cité Can n’est pas commode, mais l’équipe du Maroc à une certaine habitude. Nous aimons les isoler Donc nous préférons qu’il soit en contact avec personne. Donc ce n’est pas la qualité de la cité Can qui a éloigné certaines équipes mais plutôt des motivations personnelles.

S’agissant des journalistes, comment rallier aisément tous les stades à Abidjan et même ceux de l’intérieur du pays ? Et quelles sont les dispositions mises en place pour braver les embouteillages et permettre aux publics et les hommes des médias de ne rien rater ?

Concernant la presse, je peux rassurer les uns et les autres que les dispositions sont prises. En sortant de la conférence de presse nous allons visiter le centre d’accréditation qui servira un peu de centre névralgique de la presse. Toutes les conférences d’avant-match et les rendez-vous se tiendront au sein du centre média qui est basé au sein du palais de la culture. Le palais de la culture sera le point départ pour la desserte des différents stades pour la presse. Pour le grand public, nous avons avec les autorités gouvernementales ivoiriennes et ceux de la Caf étudié plusieurs hypothèses pour faciliter le déplacement des populations les jours de match. Parce que le principe de la Caf est qu’en aucun cas l’activité économique d’un pays ne doit être dérangée par la compétition. Il faut concilier ces deux facteurs et vous avez vu dernièrement les visites du Premier ministre sur les différents chantiers. Certains accès comme la Y4, l’autoroute du Nord sera aménagée de sorte qu’ils aient des couloirs pour les personnes qui détiennent un pass. Le 4^e pont qui relie Yopougon au Plateau est disponible pour la circulation de telle sorte que les populations de Yopougon qui quittent le Plateau pour le Sud d’Abidjan n’aient pas à traverser Adjamé pour rentrer chez elles et cela va soulager ces populations. Celles de Bingerville, de Cocody pourront par la Y4 qui part du boulevard Coffi Gadeau aller directement au Stade Alassane Ouattara d’Ebimpé par la Y4. Tout cela pour faciliter les différents déplacements.  Au niveau des villes hôtes avec la Sotra nous avons un partenariat qui a permis à la Sotra de ventiler un certain nombre de sa flotte dans les villes hôtes et il aura des points rassemblements. Ce que nous souhaitons, c’est que les véhicules particuliers ne soient pas utilisés. Des points de rassemblement sont identifiés et seront portés à la connaissance du grand public. Il y a aussi des parkings relais qui ont été identifiés et aménagés pour permettre aux spectateurs qui vont y aller de laisser leurs véhicules en toute sécurité d’emprunter les bus et les moyens de transport pour aller au stade et à la fin du match ces mêmes bus les ramèneront au parking relai pour qu’ils puissent reprendre leurs véhicules.     

Quel est votre appel à l’endroit de vos compatriotes ?

Nous avons appelé cette Can, la Can de l’hospitalité. Et quand nous disons hospitaliers, ce n’est pas seulement accueillir nos hôtes. C’est aussi respecter, être tolérant, c’est accepter les valeurs que l’autre véhicule. C’est tout cela qui nous permet de dire que celui qui arrive ne doit plus se dire j’arrive du Mali, du Burkina Faso, du Maroc, de l’Algérie ou de la Tunisie, il doit se dire je suis Ivoirien. Pendant un mois, la jeunesse ivoirienne va se retrouver à travers ses représentants. Ils vont se côtoyer, pratiquer ensemble plusieurs activités et apprendre à vivre ensemble. Et quand ils vont se retourner chacun, il y aura quelque chose de nouveau. La perception de l’autre sera différente et après cela nous pouvons affirmer que nous avons réussi l’organisation de cette Can.  

Votre mot de fin…    

La Cocan est prêt à livrer les infrastructures de la 34^e édition de la Can selon les prescriptions de la Can. La Côte d’Ivoire est prête pour accueillir la Can 2023. Je fais mention spéciale à la délégation de la Martinique qui est venue de loin pour venir soutenir les pays africains.