Depuis Mama/ Laurent Gbagbo charge:" J'ai combattu hier, je combats aujourd'hui, je combattrais demain"

C’est certainement sa première grande sortie depuis son retour en Côte d’Ivoire le 17 juin dernier. Face aux jeunes et aux femmes qui lui ont rendu hommage, le samedi 5 février 2022, à Mama, Laurent Gbagbo a réaffirmé sa détermination à poursuivre son combat politique. Car, a-t-il indiqué, les objectifs d’amélioration des conditions de vie des populations, de stabilité et de démocratie ne sont pas jusque-là, atteints. « Les temps sont durs. Et comme les temps sont durs, nous nous devons aussi d'être durs parce que les combats que nous avons commencés n'ont pas encore trouvé de solutions. C'est pour tout ça qu'on nous a arrêté. Donc on nous arrêtera encore puisque nous allons continuer le combat. Nous ne sommes pas des enfants. Quand tu es un gamin et que tu ne sais pas ce que tu fais, quand on crie sur toi, tu fuis et tu vas te cacher dans les bras de ta maman. Nous, on n’est pas comme ça. Quand on sort pour dire qu'on va se battre pour que le sort des ivoiriens soit meilleur, on continue, on ne s'arrête pas », a-t-il lâché.

Il est revenu sur les raisons de son absence depuis plusieurs semaines, du à la Covid. « Alors, ces derniers temps on ne me voyait pas et des gens ont tiré des leçons mais j'ai expliqué à mes camarades proches que depuis le 24 décembre 2022, j'ai eu le Covid et le professeur qui me traitait m'avait condamné à rester dans ma chambre, à ne pas sortir. Quand il ne m'avait pas déclaré guéri, j'étais dans la chambre. Maintenant il m'a déclaré guéri, me voici. J'ai combattu hier, je combats aujourd'hui et je combattrai demain. Il faut que ceux qui avaient des doutes lèvent ses doutes de leurs têtes. Je suis devenu un instrument de combat. Cet instrument-là, sachez vous en servir. Je suis à votre disposition », a-t-il assuré. 

Laurent Gbagbo n’a pas manqué de faire des critiques à demi-mots à l’endroit du pouvoir notamment la candidature du chef de l’Etat à la présidentielle de 2020. « Quand la Constitution dit qu'un homme ne peut faire que deux mandats présidentiels et qu'il en fait trois, c'est un coup d'Etat civil. Mais on ne le dit pas et on ne le condamne pas assez. Un coup d'Etat est un coup d'Etat. Un troisième mandat est un coup d'Etat civil. Un troisième mandat, alors que la Constitution, ne le permet pas est un coup d'Etat civil et je suis contre les coups d'Etats civils et les coups d'Etats militaires. Ce qu'on met dans la Constitution, on doit le respecter. Quand tu as écrit qu'il faut 02 mandats et que tu te débrouilles pour en faire 03, le militaire avec son fusil se dit j'ai une arme, eh ben je fais un coup d'Etat. Voilà les conséquences des actes des politiques. Après ce sont eux qui sont durs avec les militaires. Mais un coup d'Etat est un coup d'Etat », a-t-il lâché. Et d’insister : « Je suis contre les coups d'Etats militaires. Celui qui fait un coup d'Etat constitutionnel, je ne suis pas son ami et ça c'est évident. Mais comme on est des compatriotes on peut causer mais je ne suis pas son ami ». Tout en dépeignant un tableau relativement sombre de la situation socio-économique et politique du pays, le président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (Ppa-CI) a saisi l’occasion de cette rencontre pour plaider pour la libération des prisonniers politiques en l’occurrence les militaires.

A le suivre, la détention de ces anciens chefs de l’armée, malgré son acquittement, est injustifiée. Aussi a-t-il appelé le gouvernement à y mettre un terme. « Pourquoi les militaires sont-ils encore en prison aujourd'hui ? Mais ce n'est pas juste. L'armée n'a pas une décision propre pour déclarer la guerre. L'armée fait la guerre quand on lui ordonne de la faire. L'armée défend le pays quand on lui ordonne de défendre le pays. Le cerveau est innocent mais les bras sont en prison. Où est-ce que vous avez vu ça. La tête est innocente mais les bras sont en prison. Cela est injuste et inacceptable. Et il faut que pour qu'il ait un minimum de justice, qu'on libère sans plus tarder les militaires qui sont en prison. Partout où je passerai je dirai cela », a-t-il promis. 
Concernant le cas de Blé Goudé et les rumeurs qui ont fusé depuis sur la qualité de leur relation, l’ex-président de la République, a fait des éclaircissements. « Quant à mon jeune codétenu Blé Goudé, j'entends souvent beaucoup de romans, des choses qui ne sont pas justes. Lui et moi, notre compagnonnage s'est achevé le 31 mars 2021 quand la Cpi a déclaré que nous sommes totalement exonérés de toutes les charges qui nous sont imputés. Le problème ne se trouve plus entre la Cpi et lui. Le problème se trouve entre le gouvernement de Côte d'Ivoire et lui. Et le gouvernement de Côte d'Ivoire lui doit un passeport. Ce n'est pas la Cpi. La Cpi a fini le travail qu'on lui avait demandé. Il ne faut pas raconter autres choses », a-t-il exigé. 
Arsène SANOGO